Le singe et le clair
24, 2 (Dox.435). Le sommeil correspond à un refroidissement modéré de la chaleur du sang, la mort au refroidissement complet.
Empédocle d'Agrigente
La nuit, c'est ma mort qui me préoccupe.
Elle passe sans m'attendre. Je reste à la poursuivre par soins et écoute, en tirant les fils.
Je compte les livres sur la table de chevet.
Le jour, je me porte mieux entre le bus et l'agence. Je marche. Le vendeur de fruit et l'ingénieur chimiste se croisent au portail pour la 110ième fois de l'année. C'est une répétition qui me va, comme les alertes.
Cette nuit (c’était sans chaleur), j’ai revu l'hippocampe de la lune : le cheval marin à écailles vertes, devant son char d'or et ses émanations géantes, nageant dans des mers lunaires et traversant le ciel obscur /
à ma fenêtre carrée sur l'oreiller / ma mort à cheval à cinq ans :
on m' a dit que le dieu de la mer froissait les vagues comme je me couchais, cette vieille histoire de formes extravagantes qui apparaissent aux enfants quand ils craignent les ombres sur les plafonds familiaux.
Ma mort-amphore m'est revenue en plein jour en forme complète comme revient l'aube après une nuit d'orage.
Depuis mes paupières font des persiennes italiennes,
depuis je rêve du soleil à chaque rêve.
Ce matin, il n'y avait rien pour le chat ; nous sommes restés immobiles sur la marche de la maison à regarder la rue vide à cette heure du sang : déjà trop de soleil.
© Coline Termash
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