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La Macula Lutea | coline termash
18 juin 2011

Les Plateaux





                                                                                 Les Plateaux





Je n'ai plus d'yeux.

Ce trou dans mon tronc, c'est un vide.


Avant, dans les fissures du Sable d'Oran,
j'étais Crabe-Fard.
Avant, sur les plateaux de Fès,
la joie de mon damier filait
vers l'orée.


Redoute ton nom, ce discours solitaire.


------------------------------------

La tarentule incite

et trempe sa grille.

------------------------------------


Ce fût la contraction de la surface des terres en Europe :
transe et épouvante sur les visages-mes caucasiennes-
splendeur des maillots à rayures parmi
les bétonneuses géantes,  tudesques,
avaleuses d'étoiles.

« Tous les violons au diapason ! » hurlait le Grand Uhlan
en Pologne.


Sous le cristal de la Capitale,
dans le luxe des lustres de Mathaus,
dans l'enfer des souris pleinement ouvert :
on pouvait voir filer le violet des diables
en pleine rue, en plein champ,  aussi,  par évasion des têtes.

Nos os et nos œufs : en collier.
Les ogres noirs et leurs offices :
nos serpents de Typhe pendus
au cou du Grand Braillard, 
à chaque lune
nos rotules maigres, seule nacre,
empoignées par les Cannes-Fer sans plus de poids ni de loi. 

 
J'étais Crabe-Fard.
De mon continent à corne plate
peut mon ange océanique,
peut en milieu de terrain.


Maintenant, roulent nos unités légères dans la neige
des moniteurs,
si blancs, si blanches,
que tout se calque.
Nos fronts sont limons à façon et
nous battons nos dieux
pour qu'ils livrent le surplus en dispense.


De mon continent à corne plate
peut mon ange océanique.


Médusés, nous sommes sans assise devant la mer, tassés, la mer tassée, ensemble en tas /
nuque ancrée / talons coquillages /
redondance triste des écumes, phare-buée, 
oil et radar.


Sur les ondes des nations couchées,
le miel flou des histoires-relais
gave nos langues
et jaunit nos contes.
Ce monde ne parle pas,
ce monde cogne son monde
qui engrosse la bête et l'ânesse.


De mon continent à corne plate
peut mon ange océanique,
en milieu de terrain.


Le bras insulaire, Premier, 
déchiré par la vague vague,
blanchi par le blanc des larmes, oh l'absente Absence ! 
fait saigner la terre toute entière dans un verre opaline,
fait se cogner les bracelets de l'hiver sur nos bras recouverts.


Le surplus :

une géographie-plexus capillaire
une diarrhée noire, chauffée sur la houle de nos reins,

la pauvreté en Utopie,

séquestrée par des garçons coiffeur coiffés Tennessee et ailleurs,
autour du peu de l'Histoire, en grenouillère ! 


Notre solde : l'émoi,
ce viseur de porcelaine et d'été,
industrieux dans les bassins,
frétillant comme une raie dans la friture.
« C'est une « donneuse » ! La Mort. »
 Manchette : 
« Le catéchumène des plaines d'Arras
meurt dans ses mailles. » titre la presse.


En Sicile, sous ces  pylônes,
je conserve la Dame des septarias
sur une pellicule italienne
parmi mes bocaux de silice,

dans mon sac thaï.


Il faudrait un triptyque à hélice.
Je n'ai pas peint.
Je redoute mon nom, ce discours solitaire.

Davantage, ce coude me coupe.


© Coline Termash VI/11

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Commentaires
B
Pardon Coline! <br /> Pour moi, cela était une déambulation autour de la Méditerranée avec un regard attristé sur ce que tu y découvres. Les vues ne sont pas "belles" mais leur justesse m'a touchée. tu as sûrement raison ...je n'ai rien compris... mais tes mots ont ravivé dès le début des images qui m'ont fait rêver enfant: Oran, Fés....des images venus de vieilles carte postales d'oasis- lié à l'avion posté sur OF d'ailleurs- et ces premières images sont restées en dépit de la suite. Et puis beauté ...c'est aussi ma façon de dire qu'au delà de la douleur que véhiculent tes mots, les images qu'ils créent restent "belles".<br /> J'ai photographié une fouine morte ces derniers jours et je trouve très beau le résultat. Une incorrigible naïve pour ne pas dire idiote voire Bécassine :))<br /> Je choisirai mieux mes mots dorénavant ;) <br /> Merci pour ta sincérité!
C
Merci pour ce commentaire. Toutefois, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un voyage, je ne pense que cela soit BEAU.
B
Un beau voyage. Merci!
La Macula Lutea | coline termash
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